AU PIF

John Trent | Self Defense (1974)
























Connu sous son titre original (Sunday In The Country) ou alternatif (Vengeance Is Mine), Self Defense bénéficie aujourd'hui d'une très belle édition (Mediabook avec DVD + BluRay....) mitonnée par l'indispensable Artus Films.
Occasion nous est donc offerte de (re)découvrir ce revenge movie rural plus singulier qu'il n'en a l'air. De loin, ce film que signe l'obscur John Trent, semble vouloir enfiler les habits d'une banale mais jubilatoire pellicule vengeresse. En fuite après le cambriolage d'une banque, trois bandits se réfugient dans une ferme. L'exécution d'un couple d'automobilistes sert à les présenter comme un trio de brutes à la gâchette facile. A contrario et malgré son physique massif, Ernest Borgnine campe un grand-père inoffensif, vivant presque reclus avec sa petite fille et un homme de ferme simplet. Ils seraient des proies faciles pour ces canailles. Mais rapidement des détails viennent perturber ce décor. Le cadre campagnard de l'Amérique profonde épand une tranquillité verdoyante qui tranche avec la violence drainée par ces malfrats, verrues sur ce paysage bucolique. A l'exception du jeune chien fou Leroy, interprété par un Michael J. Pollard bien frappé, les scélérats ne sont plus des gamins, hommes vieillissants mais non moins inquiétants. Singulier, Self Defense l'est également par son caractère attentiste (citons la scène du déjeuner où Borgnine guette l'arrivée des criminels par la fenêtre tout en mangeant, après avoir préparé leur venue en chargeant son fusil) et la rareté de sa violence graphique réduite à un corps déchiqueté par des chiens et un autre, troué par l'éclat d'une balle de carabine. Singulier parce que l'oeuvre quitte au final le chemin balisé par son sujet. De victime annoncée, Borgnine se mue très vite en bourreau, séquestrant non seulement  les voleurs mais aussi Lucy dont on croit qu'il serait capable de l'abattre au moment où elle finit par s'échapper. A sa manière, plus modeste que celle des Chiens de paille, Self Defense monte comment l'irruption de la violence peut détruire une famille, ici celle que forment un grand-père et sa petite fille. De fait, l'oeuvre se veut moins un revenge movie que le drame d'un homme déclassé qui voit dans cet événement l'occasion d'une revanche sur la vie. Il finira seul. Malgré son physique rondouillard de brute épaisse, Borgnine exprime parfaitement la détresse et la solitude de son personnage. (vu le 21.12.2019)


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