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Alfred Hitchcock | L'auberge de la Jamaïque (1939)
























Clôturant sa période anglaise (il ne retournera sur sa terre natale qu'en 1972 à l'occasion de Frenzy), L'auberge de la Jamaïque est dans la carrière d'Alfred Hitchcock, un de ses films les plus curieux, un de ceux en tout cas où il semble s'être le moins investi.
On se demande même ce qui a pu l'intéresser dans ce roman de Daphné du Maurier dont l'histoire de naufrageurs est très éloigné de son univers et de ses obsessions contrairement à Rebecca qu'il prépare conjointement, ce qui peut expliquer d'ailleurs en partie ce manque d'investissement. L'adaptation assurée par Sidney Gilliat et Joan Harrison n'est pas très fidèle, le récit ayant été recentré sur le personnage de Pengallan, que campe un Charles Laughton cabotin et écrasant. Il faut dire qu'il est le producteur du film qu'il domine totalement au point d'en avoir déposséder un Hitchcock dont la signature se révèle assez peu prégnante. Parfois ennuyeuse, l'oeuvre est vierge de ces gourmandises visuelles dont le metteur en scène parsème d'ordinaire ses travaux. Sa réalisation n'en demeure pas moins brillante, faisant de L'auberge de la Jamaïque un film plastiquement superbe, enténébré par un expressionnisme pesant et victorien. Quasiment toutes les scènes, notamment celles se déroulant à l'intérieur de la taverne aux lignes biscornues, sont avalées par l'obscurité, éclairées par des chandeliers ou des lanternes. Cet éclairage savant magnifie la beauté de Maureen O'Hara dont il s'agit quasiment du premier rôle. Elle retrouvera cette même année 1939 son partenaire dans le Quasimodo de William Dieterle. (vu le 10.01.2019)










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